SOLOMON’S TEMPLE

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Dessins de Marcel Gossé
Une exposition des Archives d’Architecture Moderne au CIVA
Accessible gratuitement du 13/10/2015 au 29/11/2015
du mardi au vendredi de 12h à 18h
samedi et dimanche de 10h30 à 18h

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Les restitutions d’édifices anciens mythiques ont toujours exercés une fascination sur les
artistes. On a vu ainsi se multiplier les tours de Babel, les mausolées d’Halicarnasse, les
phares d’Alexandrie… et les temples de Salomon et d’Hérode.
En Belgique l’architecte Geo Henderick (1879-1957) a reconstitué nombre d’édifices de ce
type qu’il a rassemblé en 1938 dans un livre, aujourd’hui quasiment introuvable, La
Merveilleuse architecture.
De 2008 à 2010, Marcel Gossé, né en 1922 à Bruxelles a procédé à son tour à une restitution
du temple de Salomon sous forme d’une série de planches aquarellées qui sont présentées
dans l’exposition.

Le temple de Salomon

Les descriptions bibliques du premier temple de Salomon construit vers 850 et détruit en 586
avant notre ère, ne sont pas suffisantes pour en faire une restitution exacte. Ces lacunes et le
fait qu’il ne reste pas la moindre trace connue du premier temple de Salomon sont une
invitation à l’imagination des artistes. Aussi les nombreuses restitutions imaginées au cours
de l’histoire sont le plus souvent l’expression de préoccupations relevant de l’époque où elles
ont été réalisées. Au XXe siècle le cinéma s’est à son tour librement emparé du thème lui
donnant un regain d’actualité. En 2014, à São Paulo au Brésil une réplique du temple de
Salomon a été inaugurée, reflet d’une conception parmi d’autres. Pour la construction de leurs
loges et lors de leurs rites les francs-maçons ont généralement pris comme référence le temple
de Salomon, ses proportions et ses nombreux symboles (les colonnes Jakin et Boaz, la Mer de
bronze, le meurtre et la renaissance d’Hiram, le chiffre sept correspondant à la durée de la
construction du temple, etc).
Le temple de Salomon est une architecture sacrée, proportionnée selon des rapports en
relation avec le corps humain. C’est un langage géométrique, nous dit Marcel Gossé,
caractérisé par une symétrie absolue, des volumes nets, sans ornements gratuits mais habités
par une décoration symbolique. La principale unité de mesure utilisée est la coudée royale qui
varie selon les époques entre 52 et 54 centimètres. L’objectif de Salomon était de construire le
plus beau temple que les Juifs aient jamais possédé. Il fit appel à Hiram, puissant roi de Tyr et
aux artisans phéniciens les plus réputés à leur époque, qui construisirent le temple en échange
de blé et d’huile. Ceci explique que la conception du temple de Salomon était très proche des
temples phéniciens qui comportaient trois chambres principales, un portique, une grande et
une petite salle. Le temple lui-même, qui comportait trois étages et dont les murs étaient épais
de plus de trois mètres, était entouré par 30 chambres.
Le bronzier et constructeur Hiram fut chargé de réaliser la vasque et les colonnes d’airain
d’environ treize mètres de hauteur, placées devant le pylône d’accès et baptisées Boaz (à
gauche) et Jakin (à droite).
La vasque d’airain (la Mer de bronze) était située devant le temple, dans le parvis. Elle avait
un diamètre de cinq mètres et était supportée par 12 taureaux en airain, grandeur nature,
disposés en quatre groupes de trois. À côté de la Mer de bronze se trouvait un immense autel,
pour les sacrifices, également en airain et décoré par des sculptures figurant des sphinx et des
fleurs épanouies.

L’intérieur

D’après les récits bibliques les activités du culte se déroulaient dans le Hékal c’est-à-dire le
Saint, une salle richement décorée. La beauté des chants, les parfums de l’encens créaient,
nous dit Marcel Gossé, une atmosphère de respect encore intensifiée par la croyance que le
grand architecte était présent – en personne – caché derrière les portes dorées du Saint des
Saints c’est-à-dire le Debir, un local parfaitement cubique. Ce cube contenait l’Arche
d’Alliance gardée par les deux chérubins en forme de sphinx – les Keroubs dont les ailes
déployées, atteignaient plus de cinq mètres. L’ornementation du temple consistait en feuilles
de palmier, en branches d’olivier, en épis de blé, en fleur de lys, en chérubins, sculptés et
polychromes, dorés, en bois, en pierre et en bronze.
La reconstitution de Marcel Gossé 2008- 2012
Avant de se lancer dans une restitution du temple de Salomon, précise Marcel Gossé, il
convient de s’imprégner des récits bibliques, de l’Exode qui traite du Tabernacle dans le
désert, le livre des Rois en 6 et le livre des Chroniques en 2, et il faut aussi s’attacher aux
descriptions du mobilier, sans négliger les cérémonies et les rituels religieux. Autrement dit il
faut plonger dans l’histoire, pour se rapprocher des constructeurs du Temple, des compagnons
phéniciens, du roi David, le père de Salomon, du roi Hiram de Tyr, d’Hiram, le constructeur
et de Salomon.
Attaché à la planche à dessin, prenant des notes, le crayon, le compas et l’équerre à la main,
Marcel Gossé a exécuté de nombreux croquis et calculs préliminaires notamment celui des
escaliers tournants qui déterminent les hauteurs des paliers et les nivaux d’étages. Ensuite il a
dessiné les plans et les coupes, dimensionné les pierres taillées, sélectionné les matières
nobles, dressé les élévations extérieures et intérieures, conçu les boiseries, et enfin il a mis les
dessins au net et les a aquarellés. Il a cherché à coller au plus près à l’ancien Testament en se
tenant à l’écart de toute invention gratuite.
L’architecture du colossal pylône, devant le temple, haut de plus de 60 mètres n’étant pas
décrite dans la Bible, Marcel Gossé a imaginé que son sommet pouvait comporter une double
rangée de colonnettes formant, face au soleil levant, une galerie reliant les escaliers tournants.
Pour être plausible, il était conscient que cette interprétation personnelle devait se faire dans
un rapport de proportions avec l’ensemble du temple.
Partant du principe que les temples antiques étaient tous peints dans des tons vifs et en partie
dorés, Marcel Gossé donne à la base du temple des teintes ocres dorées, couleur de la terre, et
au pylône des bleus, couleurs de la voûte céleste.